Rentrée difficile
Je viens à peine de me remettre sur mes pattes. Le manque de sommeil, ça ne me réussit pas. Comme je vous l’avais dit, je suis assez excessif. J’entre rapidement dans un cercle vicieux où je me sabote. Après ma nuit à Strasbourg, si on peut vraiment appeler ça une nuit, j’ai pris le train de 10h47 pour arriver à la Gare de l’Est. En rentrant chez moi, je suis passé par Lidl, où je fais quasiment systématiquement mes courses. Mes habitudes d’écureuil sont toujours bien présentes, et puis j’aime beaucoup cette enseigne avec ses semaines d’arrivages spéciales qui me sont très familières.
Depuis le septième étage du CSH à Mannheim, où j’ai vécu trois semestres, j’avais vue sur le Lidl près de la voie rapide où j’allais souvent. Quand rien n’allait, je savais que je pouvais me réfugier dans les rayons du discounter pour me faire plaisir sans regarder les prix. L’argent, j’en ai. Tant que je ne suis pas dans un endroit excessivement cher, je peux me permettre de prendre ce que je veux, sans me soucier des prix, ce qui est une vraie liberté selon moi.
Je rentre dans le Lidl à Strasbourg-Saint-Denis. Je fais mes courses habituelles : 1,5 kg de poulet avec os (c’est meilleur et oui, je mange beaucoup de poulet), des œufs (parce que j’en mange aussi pas mal), et plein de légumes. Ces derniers temps, j’ai la flemme de cuire des féculents, donc je mange généralement de la viande avec une poêlée de légumes, sans riz, pain ou pommes de terre. Ce serait trop de travail.
Chez moi, c’est exactement ce que je prépare. Il me reste 30 minutes avant mon appel hebdomadaire avec l’ISCEA (mon client principal). Je mets la poêle à chauffer et je décongèle un steak haché dans le micro-ondes. J’ai le temps de préparer le poulet dans l’Instant Pot que ma maman m’a offert pour mes 20 ans, un anniversaire que j’ai passé seul à Bochum, la ville où j’ai emménagé pour mes périodes en entreprise dans le cadre de mon alternance. J’ajoute des épices, du sel. La poêle est bien chaude. Je coupe rapidement une moitié de courgette que je laisse fondre dans la poêle pendant que je découpe le poivron.
Les légumes sont encore croquants quand j’ouvre le lien de l’appel Zoom. Je mange pendant la visio. Les Américains n’ont jamais eu l’air dérangés par le fait que je mange devant eux. Ils ont été plutôt surpris quand j’ai demandé si je pouvais le faire lors d’un appel qui s’éternisait entre 20h et 22h une fois. Le décalage horaire me contraint parfois à travailler plus tard.
Après l’appel, je n’ai plus d’énergie. Je me suis éteint. J’ai passé le reste de la journée à végéter derrière mon écran dans un appartement où la lumière du jour ne pénètre pas. Le pire, c’est que j’ai réussi à me coucher tard, ce qui fait que je me réveille plus tard que d’habitude le lendemain. Ce n’est pas la grande forme.
Avant de me coucher la veille, j’ai réussi à passer rapidement en revue l’agenda du lendemain et les horaires des différents rendez-vous. L’événement presse des Galeries Lafayette, où je dois passer entre 9h30 et 18h. Le casting de Mister France à 17h pour lequel il faudrait que je me prépare un peu. Un dîner shooting à Jugaad à partir de 19h. Je me fais la réflexion que c’est pas mal comme programme. J’ai de la chance après tout. Je crée mes plages horaires de travail que j’insère entre les différents rendez-vous, puis je retourne sur mon téléphone. J’y passe 2 heures malgré moi, et je me réveille trop tard pour commencer la journée que j’avais planifiée la veille. Je me rends compte que ce n’est pas bien grave, mais j’essaie de prendre les choses pas à pas. J’ai l’impression de me battre contre moi-même pour des tâches aussi simples et futiles que faire mon lit, ranger la vaisselle propre ou prendre une douche. Ça me prend un peu plus de 2 heures avec, par intermittence, l’usage de mon téléphone qui puise mon énergie et ma confiance en mes capacités à m’en détacher.
Je mets alors le dernier épisode du podcast de Mel Robbins. Je m’aperçois qu’il ne me concerne pas du tout. Je n’ai pas d’enfant, et ils ne sont encore moins partis du foyer où je me sentirais seul. Je l’écoute malgré tout. Sa voix me donne l’énergie et le calme nécessaires pour affronter les tâches les plus basiques, comme ranger mon appartement. Pour le petit déjeuner, je ne fais pas mes œufs. Dans ma tête, je vois déjà la poêle à nettoyer parmi la vaisselle que j’ai déjà eu du mal à ranger. Je mange une poire très dure à la place. Je me fais la réflexion que cela reste meilleur qu’une pomme.
L’après-midi, j’enchaîne mes trois rendez-vous. Je ne connaissais personne à l’événement presse de Noël pour les Galeries Lafayette, qui se tenait à la Gaîté Lyrique. Je n’étais pas vraiment d’humeur à réseauter. J’ai fait le tour et suis parti. J’ai réussi à travailler 30 minutes pour l’ISCEA. Le sens des responsabilités m’a finalement rattrapé. Je dois répondre à mes mails à tout prix. Je me prépare ensuite pour le casting de Mister France. Je m’assure de rassembler tout ce dont j’ai besoin dans mon sac noir. Je me renseigne davantage sur le concours de beauté sur le site internet. J’écris ce que j’aimerais dire dans un document Word à mesure que les idées me traversent l’esprit : mes motivations, le sens de ma démarche, ma présentation, ce qui me rend différent. Je me renseigne aussi sur l’Île-de-France pour avoir une idée du nombre de départements, de la population, des chiffres comparatifs, et du patrimoine culturel auquel je pourrais faire référence. Représenter la région, c’est la connaître, donc je me suis dit que c’était essentiel de m’informer.
Le casting s’est relativement bien passé, selon moi. Je devrais avoir des résultats aujourd’hui pour savoir si je passe à la finale pour l’Île-de-France. Quelque chose me dit que je suis davantage fait pour les concours de beauté de ce type que pour la mode et le mannequinat. On m’a souvent reproché d’être trop commercial. Peut-être que je me suis juste trompé de voie jusqu’à présent. Ce qui me plaît avant tout, c’est le travail de représentation : représenter une idée, incarner l’exemple, inspirer à « l’idéal masculin », pour reprendre les mots du concours. « Une tête bien faite dans un corps bien fait » est la formule que Xavier, le directeur du casting, a choisie pour décrire le package global nécessaire pour représenter cet idéal. Ce n’est pas qu’une question de beauté. C’est également une question d’engagement social et de leadership. L’image qui sert le message, selon moi. D’ailleurs, c’est à ce moment-là que je me fais rattraper.
« Vous avez réfléchi à une association dans laquelle vous serez engagé ? » me demande Harbbel, le deuxième membre du jury du casting.
Je lui avoue que ce n’est pas le cas.
« Ça serait bien de trouver une association si vous êtes sélectionné pour la suite, » m’explique Xavier.
⏤ Je suis à l’écoute de vos recommandations. Je ne sais pas encore quel type d’association pourrait me correspondre. Je travaille beaucoup de mon côté à créer du contenu pour inspirer les autres à être une version plus saine d’eux-mêmes et partager mes bonnes habitudes pour montrer un chemin possible dont ils peuvent s’inspirer.
⏤ La dernière fois, vous nous avez parlé de self-care, retrouve Harbbel dans ses notes.
⏤ Oui ! Je crois beaucoup que pour améliorer ce qui nous entoure, il y a beaucoup que l’on peut faire par soi-même. C’est ça mon angle. Je ne sais pas du tout quelle association pourrait représenter cela par contre.
⏤ Il faudra trouver.
Il y avait beaucoup de bienveillance dans ces mots qui pouvaient sembler exigeants. Après l’entretien, je retourne à l’extérieur de la pièce pour retrouver Douglas. Douglas, c’est le deuxième candidat invité pour le casting ce mercredi-là. Ouvert et très sympathique, il finissait de remplir les papiers. Un moment plus tard, nous avons été tous les deux invités à marcher, d’abord habillés, puis en maillot de bain.
De retour chez moi, je n’ai pas beaucoup de temps de battement avant le restaurant auquel Hemblem m’a invité pour le dîner d’influenceurs. La soirée était très agréable. J’ai fait la connaissance de Nisrine, ma voisine de table, Laureen, qui travaille chez Hemblem, et Safa, assise en face de moi. Je me dis que refaire des soirées comme celles-ci, où l’on est rempli d’idées et de projets pour mettre en avant les restaurants et les marques, me plaît beaucoup.
De retour chez moi un peu avant minuit, je me rends compte que mon travail pour l’ISCEA dans les partenariats stratégiques me ressemble pas si mal. Le business développement via le networking me plaît beaucoup. Peut-être que ce n’est juste pas exactement le domaine qui m’anime le plus, celui de la supply chain. Je me fais la réflexion qu’on ne peut pas toujours avoir ce que l’on veut. J’ai déjà énormément de chance. Il faut savoir travailler aussi. Je devrais avant tout entraîner ma discipline et construire de bonnes habitudes de travail. Et c’est sur cette pensée que je vais me coucher bien trop tard, encore une fois.
septembre 12, 2024 @ 7:57 pm
These insights are useful in seeing the complete Leo. Find time for centering yourself too my friend